vendredi 16 janvier 2009

Morsure fatale, Simon

Morsure fatale
Il était six heures vingt, heure à laquelle je me réveillais tous les matins pour aller travailler. Ce jour-là, je me dirigeai vers la salle de bain pour prendre ma douche lorsque le téléphone retentit. On m’annonça qu’un crime avait été commis à Meudon-la-Forêt, qu’on avait retrouvé le corps d’un homme affreusement mutilé sur le trottoir.
« On aurait besoin de vous pour élucider cette enquête, inspecteur.
- D’accord j’arrive, répondis-je ».
Je me dépêchai d’aller me doucher et je m’habillai en quatrième vitesse. Je pris ma tartine de pain grillé puis je montai dans ma voiture pour me diriger vers la scène du crime. Arrivé sur place, je saluai Georges, mon associé, et lui demandai s’il pouvait me fournir quelques informations sur la victime.
« Notre gars s’appelle François, m’indiqua Georges. Serveur chez Momo, le « Grec », à deux pas d’ici. Il a 33 ans, petit, 1m62 pour 85 kg. Il est marié à une femme beur, Fatima mais ils ne seraient plus ensemble d’après ce qu’on m’a dit. Ils ont un enfant. Voilà c’est tout ce que je sais sur lui. »
- D’accord, merci Georges. Où est le corps ?
- Par ici inspecteur.
- Ah, en effet… Ce n’est pas beau à voir, admis-je.
- Oui et apparemment il a souffert, il est couvert de morsures.
- Ça devait être de sacrés molosses, constatai-je. Et la vieille dame là-bas, c’est notre témoin ?
- Mauricette elle s’appelle, répondit Georges en esquissant un sourire. C’est elle qui nous a prévenus.
- Ok, alors qu’est-ce qu’on attend pour aller l’interroger, la Mauricette, lui balançai-je.
- Oh, calmos inspecteur ! On l’a déjà fait pour toi !
- Bien et qu’est ce qu’elle t’a dit ? »
Georges prit une profonde inspiration :
« Aux environs de 22h15, elle aurait vu un homme descendre de sa voiture accompagné de plusieurs chiens très excités. Elle l’aurait ensuite entendu dire « Allez-y, bouffez-le ! ». Horrifiée par ce qu’elle était en train de voir, elle serait allée se recoucher pour essayer d’oublier ce moment sordide. Ce n’est que ce matin, vers 6h00 qu’elle aurait décidé de nous appeler…
- Merci Georges, et sais-tu où habite notre François ? continuai-je.
- Affirmatif, dernière adresse connue, chez ses parents au 1 avenue Robert Schumann bâtiment 2, 9ème étage, 1ère porte à gauche.
- Oula ! T’es fournisseur de renseignements aux pages jaunes, toi, lui lançai-je en souriant. »
Quelques minutes plus tard, nous arrivâmes avenue Robert Schumann. Une fois devant l’appartement des parents de François, sur le seuil de sa porte, je frappai trois fois en disant :
« Inspecteur SIMARE, Police Judiciaire, veuillez ouvrir s’il vous plaît ! ».
Une vieille femme - certainement la mère de François - ouvrit la porte. Elle me regarda l’air étonné. Manifestement les collègues n’avaient pas eu le temps de la prévenir de la mort de son fils. Je me raclai la gorge et dit d’un ton compatissant :
« Madame, j’ai une triste nouvelle à vous annoncer. Votre fils est mort. Il a été attaqué par des chiens et est décédé des suites de ses blessures. »
Comme je m’y attendais, la mère de François fondit en larmes. A ce moment-là, une jeune femme sortit d’une pièce voisine, tenant dans ses bras un bébé. Je me présentai :
« Inspecteur Simaré. Je suis venu annoncer à Madame la mort de son fils, François Marais. Vous le connaissiez ? »
Elle me regarda interloquée avant de me donner son identité :
« Je suis l’ex-femme de François. Je viens ici toutes les semaines pour montrer à sa mère le bébé que nous avons eu ensemble… ».
- Je suis désolé de vous importuner, m’excusai-je, mais il faudrait que je puisse vous poser quelques questions…Votre fils se comportait-il de façon de bizarre ces derniers temps ? lui demandai-je.
- Non, non, me répondit-elle.
Elle ajouta que François s’était confié à elle en lui disant qu’en ce moment ça n’allait pas très bien au travail, qu’il avait des relations de plus en plus difficiles avec son patron Erik et qu’il finirait peut-être même par être viré à force d’être absent. Après lui avoir posé cette question, j’étais sûr que ce n’était pas elle qui aurait pu commettre ce crime atroce. Puis, j’interrogeai Fatima, l’ex-femme de François. D’emblée, elle me supplia :
« Monsieur, pourriez-vous me laisser voir François une dernière fois… S’il vous plait… »
Je finis par céder et accepta sa requête. Nous montâmes dans ma voiture. En chemin, j’en profitai pour lui poser quelques questions.
« Quel âge avez-vous Fatima ?
- J’ai 30 ans.
- Quelles étaient vos relations avec François ces derniers temps ?
- C’était plutôt tendu, m’avoua-t-elle. »
Je cherchais à savoir pourquoi mais ses explications restèrent floues. Arrivés sur les lieux du crime, la jeune femme descendit rapidement de mon véhicule et se jeta sur son ex-époux qu’on était en train d’installer dans la voiture de la morgue.
« Je savais que ça finirait comme ça. Pourquoi t’ont-ils fait ça hein, dis-le moi pourquoi ?
J’essayai de la raisonner en lui disant :
« Madame, calmez-vous s’il vous plaît. Nous allons devoir emmener le corps de votre mari au labo pour l’autopsie.
- Non, non vous n’avez pas le droit !
- Écoutez Fatima, je sais que c’est dur pour vous mais je vous jure de retrouver l’assassin de votre mari et que celui-ci sera puni très sévèrement pour ce qu’il a fait. »
Remise de toutes ces émotions, Fatima remonta dans ma voiture Je décidai de retourner à l’appartement des parents de François. Sur la route, je lui posai une question portant sur ce qu’elle avait dit en voyant le corps de son mari. Fatima me raconta alors leur histoire. Ils étaient ensemble depuis cinq ans quand ils ont décidé de se marier. Mais le jour du mariage, Fatima a avoué à François qu’elle était enceinte. Il a alors décidé de la quitter et a annulé la cérémonie. Plus tard, Fatima a appris que, durant leur relation, François l’avait trompé plus d’une fois. Cette révélation avait plongé Fatima dans un profond désespoir. Elle s’était confiée à son frère Abdel qui avait juré à sa sœur que François paierait pour sa lâcheté et son infidélité. Cette révélation semblait indiquer qu’Abdel et son groupe avaient peut-être des choses à me dire. Je lui demandai où je pouvais le trouver. Elle m’avoua qu’Abdel et sa bande organisaient des combats de chiens dans la cité, près des Arcades du Joli Mai à Meudon-la-Forêt.
« Ça se passe dans les caves, me confia Fatima. Il doit y en avoir ce soir. Généralement, c’est après 22h30… »
Quand je fus de retour chez moi, il était vingt et une heures cinquante. J’appelai vite mon collègue en lui disant que j’aurais besoin de quelques hommes pour interpeler les suspects du meurtre de François, ils seraient probablement armés. Tout se déroula bien. Il n’y eut aucun blessé et en cherchant dans les recoins de la cave, je découvris, cachée derrière une grande étagère, une porte. Nous poussâmes - moi et mes hommes – l’étagère ensemble. Une fois l’armoire dégagée de la porte j’ouvris, et là, je vis un gros tas de viande qui devait servir de nourriture aux chiens et à sa gauche un buffet sur lequel se trouvait plein de papiers avec à coté des bouteilles de whisky et de vodka mélangée à de la bière. En fouillant dans la multitude de papiers, je découvris quelque chose d’intéressant : la liste des fournisseurs de viande avariée. Parmi eux se trouvait le patron de la victime, il figurait en tête de liste.
Je rentrai chez moi, le réveil indiquait 23h37. Fatigué, je m’endormis tout de suite. Le lendemain, je me levai à huit heures. Mon premier réflexe fut d’appeler le snack pour leur demander leurs horaires d’ouverture et de fermeture.
« Nous sommes ouverts de sept heures et demie jusqu’à vingt trois heures trente me dit la serveuse. »
Arrivé au restaurant, je dis à une serveuse que j’étais l’inspecteur SIMARE de la police criminelle de Meudon et que je désirais rencontrer le patron du restaurant. Elle m’emmena jusque dans le bureau de son « boss » qui se trouvait juste à coté de la cuisine du restaurant. Assis en face du directeur du Grec, je lui posai quelques questions :
« Que faisiez dans la soirée du treize au quatorze novembre à vingt deux heures quinze précises ?
- J’étais au cinéma avec ma petite copine Carla à la séance de vingt deux heures jusqu'à minuit.
- Qu’est-ce qui me prouve que ce n’est pas vous qui avez tué François ?
- Tenez ! Voici le ticket du cinéma, je l’avais gardé sur moi…par hasard…Regardez ! Mon nom est inscrit dessus, voici la preuve que je ne vous ai pas menti.
- Ok merci ! Bon ben, je vais devoir y aller.
- Attendez inspecteur ! Je voulais aussi vous dire que même si on avait eu quelques prises de tête parce qu'il ne venait pratiquement jamais, je n’aurais pas pu le tuer pour ça... on se connaissait depuis la maternelle. C’était vraiment un chic type.
Je sortis de son bureau, me dirigeai vers la caisse du restaurant pour commander un hamburger, des frites et du coca. Cinq minutes plus tard, j'étais dehors. J’étais complètement perdu, je savais plus du tout où j’en étais. J’avais pourtant l’impression d’avoir interrogé toutes les personnes que je suspectais dans cette affaire mais non.
Je me rendis chez les parents de François, j’annonçai à sa mère que je ne savais toujours pas qui avait tué son fils. C'est à ce moment-là qu’un homme surgit d’une pièce voisine. C’était le beau-père de la victime – René - . Je fus surpris de le voir ici car les collègues m’avaient dit qu’il était en ce moment en voyage organisé par son club de tir mais il avait du être annulé...J’en demandai la raison au beau-père de François. Il me répondit que ses copains et lui n’avaient pas pu partir parce que le patron de l’hôtel où ils devaient se rendre venait de mourir d’une crise cardiaque. Après m’avoir dit les raisons de l’annulation de son voyage, je commençai à l’interroger :
« Où étiez-vous et que faisiez-vous le soir du 13 au 14 novembre à 22h15 précises ?
- Oh ben...J’étais au stand de tir avec les copains.
- Pourrions-nous allez voir sur place ?
- Ouais bien sûr. »
Nous arrivâmes au stand de tir. Je me dirigeai vers les amis du beau-père de François en essayant de repérer un homme qui ne me semblait pas totalement ivre afin de pouvoir lui poser quelques questions. C’est à Tim que je posai ces quelques questions :
« Vous souvenez-vous de ce que vous avez fait vous et vos amis dans la soirée du 13 au 14 novembre ?
- Ah ben ouais, bien sûr que je m’en souviens ! C’était l’anniversaire de Mario et même que René a dû partir aux environs de 21h50 pour régler quelque chose dans la forêt. Il était parti par là je crois.
- Merci pour l’information. »
Je partis avec René en lui disant que j’avais besoin de lui pour m’accompagner dans la direction que m’avait indiquée Tim au cas où je me ferai agresser car ce coin n’était pas considéré comme l’endroit le plus sûr de la ville. Au bout de cinq minutes de marche, je vis des traces de pas sur le sol. Je décidai de les suivre. En les suivant, elles me menèrent à une petite cabane souterraine. En cherchant partout à l’aide de ma lampe torche je découvris par terre des muselières et du sang. Je sortis quelques minutes plus tard de la cabane, j’étais pratiquement sûr que c’était René qui avait tué François. Je me retins de lui dire quoi que ce soit...Je voulais en être vraiment sûr. De retour au stand de tir, René poussa soudain un cri de douleur :
« Aïe ! Non pas maintenant ! »
A ce moment-là, je vis du sang couler de sa jambe droite. Je soulevai son pantalon afin de voir d’où le sang provenait et là je vis que son mollet avait pratiquement été dévoré...Cela ne pouvait être que des chiens. Après avoir vu ça, j’étais sûr que c’était lui qui avait commis le crime. Voyant qu’il était soupçonné du meurtre de son fils il m’avoua tout tout de suite : pourquoi il avait fait ça et comment il s'y était pris. Il avait tué François parce que celui-ci menaçait de dire à la police que René battait sa femme. . Il fut jugé très sévèrement pour ce qu’il avait fait. Il écopa de trente ans de prison ferme et mourut quelques jours avant de sortir de prison.


The end

Aucun commentaire: