vendredi 16 janvier 2009

Dépeçage à Meudon, Rémi Yang

Le treize Mars 2008, dans une forêt lugubre, effrayante et humide, un de mes camarades, pour fêter son anniversaire, organisa une chasse au trésor. Un des invités trouva un coffre gris délavé par la pluie. Il prit la clé en plaqué or qui se trouvait dans sa poche (cette clé lui avait été remise au début de la fête par un organisateur) et ouvrit le coffre, espérant y trouver un trésor.
Une tête, montée sur un ressort plein de sang, jaillit brusquement. Elle tomba sur le sol mouillé, puis, roula jusqu’aux pieds du garçon qui, horrifié par cette chair en décomposition, s’évanouit. Une odeur putride régnait dans l’air.
Environ deux heures plus tard, un détective de renommée mondiale posa le pied hors de la voiture avec laquelle il avait parcouru la distance Paris - Meudon :
« Bonjour, petit ! dit le détective d’une voix chaleureuse. Mon nom est… Holmes, Jack Holmes ! le descendant du tout aussi célèbre que moi : Sherlock Holmes !
- Je devrais vous connaître ? demanda l’enfant.
- Bon, passons…c’est toi qui a découvert cette .. ..tête ?
- Euh…Oui… bredouilla l’enfant, se rappelant qu’il s’était évanoui.
- Et à quelle heure ? »
L’enfant haussa les épaules.
« Je n’avais pas pris ma montre, répondit-il en regardant le sol. »
Jack enleva la montre de son poignet, et la lui tendit en disant gentiment :
« Tiens, petit ! Et pour l’heure, ce n’est pas grave ! Tiens, prends-la ! »
Le garçon, admirant la Rolex argentée, remercia le détective:
« Merci beaucoup! »
Holmes sourit, puis partit en direction des scientifiques. Le garçon s’éclipsa discrètement.
« Avez-vous trouvé quelque chose ?
- Oui, on a découvert le reste du corps en morceaux dans d’autres coffres, les enfants invités à l’anniversaire sont traumatisés, expliqua un scientifique.
- Ah bon ? Le petit qui a trouvé la tête, lui, ne semble pas l‘être.
- Bizarre…. cela me surprend.
- Pourquoi ?
- Mettez-vous à sa place, il n’a que douze ans et n’a même pas vomi en respirant l’odeur de pourriture de la tête ! Même moi, lorsqu’on m’a appelé en m’expliquant l’affaire, j’ai emporté un sac pour vomir (sac que j’ai récupéré un jour dans un avion).
- Mmmhh… j’irai interroger à nouveau le petit un peu plus tard. Allons au labo. »
Toute l’équipe se retrouva alors au laboratoire.
« Quelque chose de nouveau ? demanda Holmes aux scientifiques.
- Oui, la victime travaillait comme gérant d’un magasin Toys’R'Us, spécialisé dans le jouet.
- Merci pour ces renseignements, et cet homme serait mort où, quand, et comment ? »
Le scientifique soupira….
« Il s’est vidé de son sang.
- Comment ?
- On distingue une trace de morsure, à la fois trop grosse et trop large pour avoir été faite par un chien de la région.
- D’autre part, avez-vous relevé des empreintes ?
- Seulement des partielles !
- Dans ce cas, je vais retourner sur les lieux du crime.
- Je vous appelle dès qu’il y a du nouveau !
L’inspecteur sortit du labo puis décida de se renseigner sur ce bonhomme. Il ajusta sa belle chemise et monta dans une voiture de police. Il passa plus tard devant ma résidence. En entendant les sirènes, je me précipitai dehors pour regarder passer les véhicules de police. J’adorais ces couleurs et surtout ce bruit qui réveillait un bon nombre d’entre nous en sursaut. Holmes me fit même un signe de la main ! Il saisit une de ses cartes et me la lança. Je courus la ramasser. « Voilà pour toi ! ». Il se rendait à Vélizy 2, le célèbre centre commercial du coin.
Une fois dans le magasin où travaillait la victime, il interrogea les employés. Il apprit que la victime était appréciée de tout le monde sauf de M. Grantrécré et de Daray Cyrvain, le garçon qui avait trouvé le corps. Ces deux personnes avaient un mobile parfait : M. Grantrécré dirigeait un autre magasin de jouets, le mobile pourrait être celui de la concurrence ! Le petit Daray, lui, avait été expulsé du magasin après avoir crié sur M. Toysomag, la victime, pour lui suggérer de baisser les prix des jouets de Noël. « Un peu farfelu mais il ne faut exclure aucune piste », se dit le détective. Il quitta l’établissement et se dirigea vers le parking. Son portable sonna avant qu’il n’eut le temps d’ouvrir la portière:
« Allô?
- Salut! C’est ton équipe préférée à l’appareil ! Notre homme a été dépecé avec un couteau de marque Couptou, un couteau utilisé uniquement par les trappeurs professionnels. Deuxième info, cet homme a été tué le mois précédent, pile le 13 février.
- Ok ! Merci ! »
Il raccrocha. Cette nouvelle excluait le suspect numéro 1 : M. Grantrécré car il habitait une chambre d’hôtel***** et les couteaux à disposition des clients n’étaient pas des Couptou ! De plus la seule boutique à en vendre se trouvait au Canada. Holmes ouvrit la porte de sa voiture quand, soudain, un véhicule noir apparut sur la route. Des hommes baissèrent une vitre et sortirent des Uzis aussi noirs que leur voiture. Ils mitraillèrent le détective, qui se protégea en se cachant derrière sa portière, puis répliqua avec un revolver. La voiture s’éloigna. Holmes avait percé la vitre arrière, un homme était touché. Les tireurs le jetèrent par la fenêtre. La voiture s’éloigna. Holmes remonta dans sa Chevrolet. Il claqua la portière trouée, démarra et appuya sur l’accélérateur. En un quart d’heure, il était devant la maison de Cyrvain. Il sonna. Un homme corpulent ouvrit, son père sans doute.
« C’est pour quoi ? Le livreur de pizzas est déjà passé.
- Jack Holmes, détective travaillant pour la Police judiciaire. Je voudrais parler à Daray Cyrvain.
- Cyrvain, c’est pour toi ! cria le père.
- Oh ! Monsieur Holmes ! Je suis content de vous revoir!
- Cyrvain, que faisais-tu le treize février à minuit?
- Je regardai Harry Potter et la Coupe de Feu sur TF1.
-Bien, merci ! »
Le détective regagna sa voiture, prit son ordinateur portable et vérifia sur internet les programmes du soir du meurtre. Il n‘y avait pas Harry Potter ce soir-là, le film avait été remplacé par les Experts Miami. Le garçon mentait donc. Etait-il le criminel? Holmes se souvint alors que Cyrvain avait perdu un de ses boutons de chemise et qu’il en avait été retrouvé un sur le lieu du crime. Il décida de procéder à l’arrestation de Daray Cyrvain. Mais au moment où il allait se mettre en route, un coup de feu retentit dans la maison du coupable. Tout se passa très vite. Il était exactement 16h 57. Holmes monta chez Cyrvain. Il vit M. Grantrécré avec un 44 à la main. Une douille cuivrée tomba du pistolet. Cyrvain tomba de la fenêtre et s’écrasa devant la foule qui resta bouche bée. Un de mes anciens amis était mort. Je pleurais à chaudes larmes. En haut, j’aperçus Holmes qui plaquait au sol le tireur. Il lui donna un coup de poing, puis le laissa aux autorités qui l’arrêtèrent.
Un peu plus tard, je lus dans un journal municipal que M. Grantrécré avait avoué. Avec l’aide de Cyrvain, il avait traqué la victime avec un piège de chasse appartenant au père de Cyrvain qui était trappeur professionnel dans sa jeunesse. Le coupable avait ensuite utilisé le couteau amené également par Cyrvain. En partant, mon ami avait perdu son bouton de chemise. De retour chez lui, il avait regardé TV Hebdo et s’était ainsi construit un faux alibi. Sachant que la police enquêtait, Cyrvain avait prévenu M. Grantrécré qui engagea des hommes pour éliminer Jack.
Voilà, c’est comme ça que cela s’est passé pour Cyrvain.
Voilà comment trois ans plus tard, je ressasse encore cette incroyable aventure, d’intrigues et de mystères…
Voila comment se termine cette tragédie que le détective Jack Holmes m’a racontée avant de retourner à Paris. En effet, nous étions devenus amis… mais ceci est une autre histoire !

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